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Nicole Ferroni : "Les jeunes des quartiers... de la fulgurance !"

On le sait désormais, chaque mercredi matin sur France Inter, Nicole Ferroni délivre une chronique à la fois humoristique et engagée ; on reconnaît son débit de parole endiablé, ponctué de jeux de mots et de parallèles alambiqués… « Quel est le rapport Ferroni ? me direz-vous », est devenue sa marque de fabrique pour décrypter des thèmes d’actualité, c’est sa façon bien à elle de partager son indignation et sensibiliser les auditeurs.* Pour Impact Jeunes, elle accepte de revenir sur son parcours et son rapport à la jeunesse des quartiers de Marseille.


Chez nous, on sait tous que Nicole Ferroni est d’ici. D’Aubagne plus exactement, où elle reste ancrée même si son métier la conduit à Paris chaque semaine. La comédienne a un parcours atypique puisqu’elle a démarré sa carrière comme professeure de SVT, notamment au collège Edmond Rostand, dans le 13ème arrondissement de Marseille. Elle s’y rendait à l’époque avec une vieille AX, parce que quand on est jeune prof et qu’on prépare son agrégation, on a peu de moyens. Ces quatre années d’enseignement se sont avérées aussi rudes que fondatrices. Sa pensée idéaliste forgée sur le principe selon lequel le collège doit offrir à tous un socle commun jusqu’à l’âge de 16 ans, a volé en éclat : « Un quart des élèves de la ZEP où j’enseignais parlait à peine le français, des primo-arrivants… Imaginez passer 28 heures de cours théoriques par semaine à ne rien comprendre ! Le collège unique ne marche que si on part sur un vrai pied d’égalité, un même niveau de langage ». Des années de remise en question donc, des moments difficiles nourris parfois d’un sentiment d’impuissance. « Il aurait fallu plus d’heures d’enseignement du français et parallèlement, développer leur savoir-faire manuel où la langue ne rentre pas en jeu », histoire de valoriser leurs talents créatifs plutôt qu’amplifier le découragement et le décrochage. Facette positive du système cependant : « Quand ça marche, ça marche vite ! Ces jeunes se révèlent bien souvent très philosophes, avec une fulgurance d’analyse de notre société ». Une source d’inspiration encore aujourd’hui pour elle : « C’est là-bas que j’ai entendu les meilleures punchlines ! », des conclusions sociologiques brutes, assénées avec naïveté et franc parler mais imparables. « Par exemple un jour, un élève m’a dit « Je ne serai jamais prof comme vous madame : toutes ces études pour rouler en AX ?! ». L’autodérision, ils la maîtrisent aussi ; alors que Nicole apprend à des 6èmes ce qui compose la nature – forêts, prairies, etc. – on lui oppose avec malice que les lauriers, pour eux, ce ne sont pas des plantes mais le nom de leur cité.


Nicole Ferroni est persuadée qu’une fois confrontés à la vie active, ils ont beaucoup à apporter à l’entreprise : « Quel que soit le contexte, on a trop tendance à se rapprocher de gens qui nous ressemblent, qui ont à peu près le même parcours que nous, par facilité. » Pour des entrepreneurs issus de milieux plus favorisés, embaucher ces jeunes, c’est « accepter de se confronter à la différence pour s’enrichir d’idées nouvelles, de points de vue neufs et frais ». Pour un épanouissement mutuel.

*Nicole Ferroni est également à l’affiche du film « Premier de la classe », en salles le 10 juillet prochain.

Crédit photo : © Radio France/Christophe Abramowit

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