
Rémy Arnaud est responsable et formateur de l’association Pilotine, chantier naval d’insertion à l’Estaque, à Marseille. Julie Landon est booster territoriale Impact Jeunes dans le quartier des Lauriers. Regards croisés sur leur collaboration démarrée il y a un peu plus d’un an…
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Rémy : C’est Agnès Longchamp, déléguée du Préfet de PACA qui voulait absolument que je rencontre Julie !
Julie : Oui, on s’est connus en mars 2017, on a très vite commencé à discuter, à voir ce qu’on pouvait créer ensemble et ça a abouti au projet de premier parcours progressif présenté en octobre au comité de pilotage d’Impact Jeunes.
Qu’est-ce qu’un parcours progressif ? Tous les stagiaires de Pilotine ne sont-ils pas sur le même planning de formation ?
Rémy : La force de notre structure, c’est de s’adapter au besoin de chaque stagiaire en fonction de sa rapidité d’apprentissage, de ne pas le lâcher dans la nature sans qu’il connaisse le métier de soudeur ou de charpentier.
Pour Pilotine, outre le financement, qu’est-ce que cette collaboration avec Julie et Impact Jeunes apporte à son action dans la mesure où l’association existait déjà avant ?
Rémy : La vocation d’Impact Jeunes, c’est construire une ingénierie de solutions innovantes telle que la nôtre. Le parcours progressif avec une PMSMP (ndlr : période de stage) de deux semaines, un contrat sous-traité à l'ADPEI (ndlr : Agence Départemental pour l'Emploi Intermédiaire) variable entre un et trois mois puis un stage d’immersion en entreprise ou de formation, ça n’existe pas ailleurs ! Les contrats d’insertion dans le droit du travail aujourd’hui c’est forcément 4 à 6 mois d’emblée !
Julie : Ce qu’on propose ici s’inspire du contrat d’insertion mais s’adapte à la situation de chaque jeune pour qu’il acquière d’abord les savoir-être pour se placer dans une posture professionnelle plus adéquate et pouvoir entrer en formation ou en entreprise, savoir travailler en équipe... L’évolution des jeunes est parfois extraordinaire !
Rémy : Cette collaboration apporte aussi un regard extérieur sur notre fonctionnement ; ça nous a aidé à nous structurer sur les projets de chantier ; c’est un soutien pour gérer le suivi des jeunes et la dynamique inter-associative avec les acteurs locaux. Nous on est sur le terrain, dans le quotidien, sans recul. Julie crée du lien, nous pousse à faire certains arbitrages. Notamment, elle nous oriente sur le recrutement des jeunes, plutôt sélectionner l’un et refuser l’autre.
L’intervention du booster d’Impact Jeunes est-elle fréquente ?
Julie : C’est au besoin. Généralement je suis plus présente dans le montage du projet que pendant la période de suivi où le chantier est lancé. Cela dépend de la maturité du projet, s’il faut développer une relation particulière avec le Pôle Emploi ou la Mission Locale, s’il faut solliciter les associations locales pour faire du recrutement… Mon travail consiste aussi à trouver de bons partenaires pour pérenniser l’action de Pilotine au-delà d’Impact Jeunes, par exemple une association dédiée à l'emploi maritime et une fondation privée soutenant l'insertion professionnelle des jeunes des quartiers. Et puis j’essaie de trouver des entreprises qui vont embaucher les stagiaires à l’issue de leur formation. Ca revient finalement à mailler l’ensemble de l’écosystème, entre les jeunes en pied d’immeubles dans le quartier, les associations qui font le suivi et les entreprises intéressées par le travail fait ici, pour qu’à terme tout ça fonctionne en autonomie.
Chez Pilotine, quelles sont les difficultés auxquelles vous devez faire face malgré le soutien d’Impact Jeunes ?
Rémy : Notre difficulté se situe surtout au niveau de la trésorerie d’autant que notre statut ne nous permet pas de découvert. On a plusieurs sources de financement ; les retards de certaines subventions nous mettent en difficulté, celle de l’Europe arrive parfois un an après. Heureusement, Impact Jeunes est réactif de ce côté-là et nous aide à trouver des co-financements en plus de ce qu’il nous alloue. Ceci dit, parfois le manque de moyens a du bon… par exemple là, on dû construire une plieuse métal à la main, avec de la récup !
Julie : En matière de financement, on espère que HashtagMarseille va débloquer 10 000€ pour l'atelier soudure d'ici fin septembre. Ce principe de co-financement fait partie intégrante de la sélection de projets par le Comité Technique d'Impact Jeunes.

Et votre satisfaction personnelle dans tout ça ?
Rémy : Je suis toujours content d’apprendre à Julie que tel ou tel jeune a trouvé du boulot après sa formation. Je suis très content aussi lorsque c’est elle qui m’annonce qu’un stagiaire a obtenu le financement de sa formation…
Julie : Croiser dans le quartier des jeunes qui au départ étaient très éloignés de l’emploi et qui sont maintenant métamorphosés, ravis d’avoir atteint des objectifs jamais imaginés avant, c’est énorme !
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