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Philippe Echaroux, « social-artist »


Philippe Echaroux

Philippe Echaroux s’est d’abord fait connaître comme photographe, pour ses portraits de Sébastien Chabal, Zinédine Zidane ou Matthieu Kassovitz... Depuis 10 ans, il se définit lui-même comme street-artist 2.0, projetant ses œuvres lumineuses et éphémères un peu partout dans le monde, jusque dans la forêt amazonienne ! On s’est demandé quel regard l’artiste marseillais pouvait porter aujourd’hui sur sa ville et sur la jeunesse de ses quartiers. Au moment de notre interview, alors qu’il se trouvait « à l’extrême opposé, à Chamonix, là où les gens sont ultra-riches et ont peur de tout ce qui est différent », il s’est confié à nous.




Marseille ? C’est là où Philippe Echaroux est né, là où il vit. C'est son « camp de base » où il retrouve sa famille et ses amis quand il revient de ses voyages dont la durée peut varier d’une semaine à deux mois. « Même si tout n’est pas parfait, c’est là d’où je viens. En fait, j’ai commencé à apprécier Marseille quand j’ai commencé à la quitter pour mes projets ». Un phénomène assez classique concède-t-il. Il se souvient que petit, il était inscrit à la maternelle dans l’un des quartiers pilotes d’Impact Jeunes, le 3e arrondissement, à côté de l’école Bellevue dont son père était le directeur. Pendant sa scolarité, il ne s’est pas tellement épanoui, il n’était pas très bon élève. Ironie du sort, « un pied de nez rigolo », la photo d’une de ses œuvres illustre actuellement le chapitre consacré à la poésie lyrique d'un manuel de Français d'élèves de 3ème, un portrait projeté de nuit à Barcelone. « Je serais curieux de savoir ce qu’un minot de 15 ou 16 ans pense de cette image… moi à cette âge-là, je tournais vite les pages ! », confesse-t-il avant de préciser : « C’est ma grand-mère ! Mais c’est avant tout un visage que chacun peut comprendre, on trouve ça beau ou non, on trouve ça cool ou alors on se dit que c’est juste une vieille sur un arbre ! ». Dans deux ans, c’est dans un livre de géographie brésilien qu’on pourra voir la reproduction d’une autre œuvre réalisée cette fois en Amazonie… Il reconnaît volontiers que c’est flatteur mais feint de ne pas percevoir une forme de consécration probablement inspirante pour des générations, au-delà de nos frontières. « J’ai tendance à ne pas revenir sur ce que j’ai fait », explique-t-il.


À première vue, rien ne prédestinait Philippe Echaroux à l’art. Quoique, à y regarder de plus près... Ado, il se passionnait pour les sports de nature, l’escalade et le kyte-surf : « Je n’ai jamais pensé devenir artiste un jour, je n’avais aucune fibre, personne ne m’y a poussé. Mais ce sont des sports où il faut, d’une certaine façon, créer, ouvrir des voies ». Ensuite, il passe un diplôme d’éducateur spécialisé. Quand on lui demande ce qui lui reste de son début de carrière dans le social, il répond, presque indigné, que s’il a changé de profession, il ne fait que poursuivre le même chemin : « Comme éduc spé, j’ai bossé avec des jeunes, des adultes handicapés, avec tout un tas de publics. Notamment en MECS pendant 3 ans, avec des enfants placés par décision de justice pour les protéger. Quand je me suis lancé dans la photo, j’ai fait du portrait. C’est social ! Et l’art dans la rue, un art qui ne rentre pas dans une galerie, c’est social par essence, c’est pour monsieur tout le monde et c’est gratuit ». Il renchérit : « Je viens des sports de pleine nature avant d’avoir été éducateur spécialisé. Et maintenant je me retrouve à faire des projections de gens dans la nature. Donc finalement, c’est assez logique ». Et de conclure : « On devient l’amalgame de ce qu’on a vécu ».


Philippe Echaroux raconte que si enfant, il n’avait pas idée de ce qu’il ferait plus tard, il a eu très tôt une ambition claire : inventer lui-même son métier. Et il y est parvenu. Une inspiration possible pour les jeunes qui hésitent dans leur orientation pensant que toute leur vie se joue là ? Pour les jeunes des quartiers, y compris ceux très éloignés de l’emploi ? A ceux-là, plutôt qu’essayer de les influencer par quelque pensée philosophique, il préfèrerait leur donner la possibilité de s’exprimer à travers son art. L’idée c’est leur permettre de se faire mieux entendre des habitants des beaux quartiers qui les craignent et ne les comprennent pas, montrer qu’ils sont créatifs et ont donc un avenir, tenter de fabriquer une passerelle entre deux mondes. « Une goutte d’eau peut-être… Le métier d’artiste c’est ça, jeter des pièces, comme ça, et voir ce qu’il se passe. ». Il ajoute : « Je ne suis pas politicien mais je veux sensibiliser les gens sur des sujets qui me touchent. Quand l’opinion s’en empare parce qu’elle a vu directement ou à travers un média, le politicien s’en empare à son tour parce qu’il veut séduire l’opinion. Alors, il peut se passer des choses. » Chez Impact Jeunes, Lucile Ranger, booster territoriale du quartier Bellevue/Saint-Mauront, se tient prête pour faciliter la démarche de l'artiste. Parce que la concrétisation de ce projet-là, nous, on en rêve…


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